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2001/06/05 GONZAR - MELIDE JOUR 42

2001/06/05 GONZAR - MELIDE JOUR 42

Il y a 20 ans,  42ème jour de mon pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle

2001/06/05   GONZAR - MELIDE  JOUR 42

Jour

Cumul depuis le départ

Km sur le chemin

Km à l’étape

Total Km du jour

Km sur le chemin

Km à l’étape

Total Km du jour

32

6

38

1116

125

1241

Chemin parcouru en 6 semaines:

 

Comme j’ai remis ma montre à Sofia ( la sienne ne marche plus), j’allume mon portable pour connaître l’heure.

A 5 h 18, voyant un beau clair de lune, je me lève.

Bien qu’ayant conscience du danger, je n’allume pas la lumière et enfile mes chaussures sans les lacer.

Bien sûr, je me casse la figure dans l’escalier, tête la première, en glissant sur mon sac, qui fait office de luge. J’essaie, mais en vain, de me retenir aux marches, afin d’alléger la souffrance que je sens dans le genou droit et dans la jambe gauche, et je crains pour ma tête, en arrivant en bas, car l’escalier est haut. Finalement, je m’arrête à quelques marches du bas de l’escalier.

En arrivant dans la cuisine, je me rends compte que Sofia y a dormi, toujours fuyant les ronfleurs.

Elle est levée et me rend ma montre, et nous partons tous les 2, dans le noir.

     Au village suivant, nous retrouvons les 3 Basques et Johann, l’Autrichien, qui est maintenant avec eux depuis LEÓN.

    Je m’arrête avec eux, pendant que Sofia s’en va.

    Nous marchons toute la matinée ensemble.

    Impossible de trouver un bar d’ouvert. Johann peste contre ces fainéants d’Espagnols, qui se couchent tard et qui ne peuvent plus se lever pour donner à boire et à manger à de pauvres pèlerins.

    Finalement, nous pouvons nous restaurer à PALAS DE REI. Il est 9 h 45.

   Je mange une « tortilla francesa »  (une omelette sans pommes de terre), avec un verre de vin, puis un café au lait.

   Sur l’insistance d’Alna, qui craint qu’elle s’infecte, je vais laver la plaie laissée sur ma jambe par ma chute du matin.

    Nous reprenons notre chemin dans des décors magnifiques, de vrais corridors d’arbres d’essences très variées. Je pense à la fraîcheur qu’ils doivent diffuser, l’été, à la grande satisfaction des pèlerins.

     Il y a maintenant beaucoup de chiens en liberté, agressifs, inquiétants.

    On sent que la région a conservé son caractère « retiré », ancien. Les gens ne donnent pas l’impression de vivre dans notre siècle. Ils nous ignorent et ne répondent pas à notre salut (il faut dire que nous sommes nombreux et que nous devons les déranger).

    Aucun effort n’est fait pour séparer les vaches de la maison d’habitation. Je pense qu’il va falloir attendre au moins une autre génération pour que les choses et les comportements évoluent. Je serais étonné que de jeunes femmes acceptent de vivre dans de telles conditions.

     J’accomplis la fin de mon parcours avec Cristobal, d’OURENSE.

     Nous avons le même pas et c’est un plaisir de marcher avec lui.

     Juste après le pont médieval de FURELOS, à 3 km de MELIDE,, une jeune femme sort d’une église et nous invite à la suivre pour une visite. Nous répondons à son appel, et je suis frappé par la vision d’un Christ du 14ème siècle, je crois : il n’a pas les bras en croix, mais un bras orienté vers le bas, la Terre, et l’autre, décloué, vers le Ciel, vers son Père, comme pour signifier qu’il est le lien entre les Hommes et Dieu. Je sais que cette image restera marquée en moi comme l’un des temps fort de mon voyage.

(quelques mois plus tard, Françoise enregistrera une émission et sera marquée, elle aussi par ce Christ, alors que nous n’en avions pas parlé).

          J’arrive à 14h 30 au refuge

J’ai vraiment faim, je vais tout de suite manger dans un petit restaurant que j’ai repéré quelques centaines de mètres avant l’auberge.

Après avoir bien mangé, tâches habituelles, douche et lavage.

Depuis O’CEBREIRO, l’esprit a changé. Les rencontres et les échanges du début sont bien loin. Chacun a maintenant hâte d’arriver et pense à l’organisation de son retour, plongé dans ses préoccupations matérielles et la vie qu’il va trouver à son retour. Toutes les discussions, y compris les miennes, tournent autour de cela.

Si je devais conseiller à quelqu’un qui envisage de faire le voyage par étapes, je lui suggérerai de commencer par St JEAN PIED DE PORT ou RONCEVAUX plutôt qu’à LEÓN, par exemple, pour s’imprégner de l’esprit particulier des premières étapes. Maintenant, nous sommes beaucoup plus dans les problèmes matériels, dans une « marche aux kilomètres ». Beaucoup d’Espagnols à pied commencent 100 km avant SANTIAGO, afin de faire valider leur ‘Compostela’ A bicyclette, il faut accomplir les 150 derniers kilomètres pour obtenir son "diplôme". En Espagne, il est important de faire figurer sur son CV que l'on a obtenu sa 'Compostela'.

Nous n’en sommes plus à « sentir » les choses, mais à les préparer et à les organiser.

Nous n’avançons plus avec notre cœur, mais avec notre mental qui reprend le dessus.

Depuis quelques jours, cette partie ne m’intéresse plus et j’ai hâte de terminer.

Diana m’offre un pin’s du CAMINO, et elle m’invite, avec Françoise, dans leur appartement de JACA, après que je les aie invités à SAINTES et/ou à ROYAN.

 

Je décide d’aller dormir dans la fin d’après-midi. Je m’assoupis plus d’une heure.

Quand je me réveille, Sofia dort toujours, un lit plus loin. Après m’être préparé, je me résous à aller la réveiller, doucement, pour savoir si elle veut passer la soirée avec nous.

Bien que l’ayant seulement effleurée, sortie d’un sommeil apparemment profond, elle a une réaction brutale, agressive, en se redressant, poings levés contre ce qu’elle considère être un agresseur.

Il lui faut un grand moment pour me reconnaître et être rassurée quant à mes intentions. Encore « vaseuse », elle me répond qu’elle ne souhaite pas venir avec nous.

Je la laisse donc seule, et, en fin de soirée, nous allons prendre un cognac / Schweppes dans un bar, avec Manolo, Diana, Alna et Johann.

Malgré ce qu’elle a pu me dire, Sofia nous rejoint et boit un cidre, mais ne vient pas dîner avec nous, Diana et Manolo m’ayant invité à manger du poulpe «  a la plancha », avec eux, dans une « pulperia » .

Nous rentrons de bonne heure. Sofia, qui ne supporte toujours pas les ronfleurs, se met à secouer par les pieds un pèlerin qui dort, en lui criant « ¡¡¡ callate, roncador !!! » (« tais-toi, ronfleur !!! »). Comme elle n’obtient pas satisfaction, elle prend son matelas et ses affaires et va dormir je ne sais où.

Je lui ai encore laissé ma montre pour qu’elle puisse se réveiller demain matin.

 

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